samedi 8 janvier 2011

Voyez le beau* navire !


Porté par les flots impétueux d'une mer en désordre, il en ignore les creux ; ce ne sont que tremplins pour glisser sur les crêtes au gré du vent impérieux qu'il attrape au filet des ses voiles toutes déployées. Dans le ciel du matin, les nuages ont gardé encore les couleurs de l'aube et les reflets d'ardoise du grain de la nuit ou ceux du jour d'avant. Des tempêtes passées dépassées.

Il va, le beau navire, dans une allégresse d'écume. La main qui tient la barre est ferme. Ils se connaissent depuis si longtemps. Ses flancs sont pleins de souvenirs ensemble. Il a ouvert ses écoutilles ; la houle et le roulis bousculent les "autrefois" bien rangés, les "avant" douloureux, les "tu te souviens ?" si doux... Ce tumulte le fait parfois grincer ou bien gémir mais le vent emporte dans son sillage les bulles délétères et ne reste que l'odeur du large et le parfum de la liberté.

Regarde : dans sa voilure s'agitent à la manœuvre de discrets marins amis, efficaces et indispensables. Cherche, tu t'y retrouveras peut-être.

Il n'a pas de nom. Il appartient à chacun de l'habiter et de le nommer, s'il le désire. Voili, voilou. 

*Le qualificatif concerne l'original et non la copie un peu maladroite que je vous en propose !