lundi 28 janvier 2008

Un petit voyage dédié à Tytoalba

Je te propose de partager avec tous nos amis quelques images de tes souvenirs de notre bel arrière-pays.








Tout d'abord, nous partons pour les Alpes Maritimes, là où elles touchent aux Alpes de Haute-Provence, pour découvrir les gorges du Cians, taillées dans les schistes rouges :



Ce ne sont pas les porphyres de l'Estérel, mais c'est aussi très beau et très spectaculaire.



La roche mouillée rutile comme le grenat. On ne s'en lasse pas, n'est-ce pas, de cette belle eau venue tout droit du Mercantour !






















Si j'ai bonne mémoire, tu évoquais aussi Castellane et son rocher célèbre, verrou dominant le Verdon impétueux, en gardien vigilant d'une vallée offerte au soleil et à la lumière. Le voici donc, coiffé de la chapelle Notre-Dame du Roc à laquelle on accède par un vertigineux escalier taillé
dans la pierre :
Près de Castellane, dont certains hameaux et des maisons du bourg furent détruits deux fois par des tremblements de terre importants au siècle dernier, on peut admirer les eaux vertes tranchant sur les strates calcaires blanches du lac du barrage de Castillon, dont le déversoir est un autre lac artificiel, le lac de Chaudane. C'est au-dessus de ce lac émeraude que tu avais aperçu les horribles statues de la secte du Mandarom. Je les croyais toutes abattues, mais seule celle représentant le gourou aujourd'hui décédé l'a été.
Les autres subsistent, hélas, comme subsistent les illuminés pourtant très instruits pour la plupart, qui composent la secte.

Pour monter à Castellane, j'emprunte une petite route tortueuse qui suit les gorges de la Siagnole de Mons. C'est au fond de ces gorges, à la source même, qu'est captée l'eau qui arrive à mon village et qui arrivait à Fréjus par l'aqueduc dont j'ai photographié une arche dans mon précédent périple.
Quand il a plu, la puissance de l'eau libérée de la montagne est impressionnante, surtout lorsqu'on sait que la plus grande partie est captée en amont de cette sortie, en souterrain. Regardez comme c'est beau :










Et voici, sur son rocher, le beau village de Mons, si cher à mon coeur :










J'espère que vous pourrez agrandir ces photos et en régaler vos yeux ! A bientôt, pour un nouveau voyage dédié !



Je commence à revenir...



... comme le chat de Cheshire....





Voici donc mon nouveau "Moi" :

en vrai, j'ai l'oeil un peu plus charbonneux mais la lèvre aussi gourmande.

L'image est un peu de travers, car je n'ai pas encore retrouvé tout à fait mon équilibre, mais ça va venir.

dimanche 20 janvier 2008

La remontée de l'artiste

Voici donc une semaine qu'elle a repris le chemin vers la lumière. Elle a ouvert les yeux au monde lundi dernier. Elle nous a reconnus, d'un hochement de tête, d'une pression de la main.

Vendredi, avant-hier, elle était vraiment là, avec nous dans cette chambre ensoleillée donnant sur la très belle verrière de l'ancien palais de la Reine Victoria à Nice. Pavillon Chéret. Il fallait bien le nom d'un artiste et d'un des plus célèbres musées niçois pour abriter notre artiste préférée ! Enfin, nous ne sommes pas pressés de la voir dans un musée ! D'ailleurs elle va en sortir bientôt pour un autre pavillon, le pavillon Mossa où elle aura droit à une rééducation fonctionnelle plus active.
Matisse, qui règne sur l'avenue proche, Chagall qui anime derrière l'hôpital son musée du Message biblique, je ne doute pas que la proximité de ces peintres inspirés ne ravive le talent de notre Danielle.
Une pression de la main qui garde mon pouce, une petite bise au moment de partir, la lumière d'un sourire à l'évocation de notre père, ses jambes qui bataillent pour trouver une bonne position sur le lit : elle est sortie du néant, elle a choisi la vie, comme dit Yannou. Alors, forza et en avant !

samedi 12 janvier 2008

Ca, c'était mon précédent portrait :





La tempête, par Turner.









Mais la tempête passe. Alors, aujourd'hui je change de trombine. Je me dois de présenter un visage avenant pour saluer celles et ceux d'entre vous qui viendront ici, maintenant que Tyto m'a dévoilée.

D'ailleurs, elle a bien fait, puisque c'est pour vous que ce monde parallèle fut créé, très modestement.
Bon évidemment, après tout ça, je me sentais plutôt comme ceci :

Mais une bonne nouvelle est enfin arrivée !

Ma fille chérie attend une petite fille tout à fait normale, bien entendu splendide, la plus belle du monde, dit-elle.

La Belle au Bois Dormant dort toujours mais, parfois, elle ouvre les yeux, les deux. Le médecin a dit : paralysie probable du côté gauche ; lésions importantes ; séquelles très lourdes. Si elle se réveille.

Trachéotomie. Gastrotomie. La machine va continuer de fonctionner. Et l'esprit ? où est cet esprit souriant et gentil, toujours bienveillant, inventif, anxieux du bonheur des autres. Où est partie l'artiste rieuse ? La mère-poule-gâteau ?

Où qu'elle se cache, il faut qu'elle songe à revenir afin que tout soit dans l'ordre.

Alors moi, qui suis-je aujourd'hui ? Je crois que j'ai trouvé. Me voici entre larmes et espérance :












(Mosrik)

dimanche 6 janvier 2008

Se poser un instant

Chacun voit sa vie traversée de tourmentes qui assombrissent notre ciel que nous aimons si bleu. Quand les nuages s'accumulent, on se dit qu'après la pluie vient le beau temps. Mais parfois, dans ce ciel redevenu bleu pourtant, la foudre frappe soudain.

Le premier coup d'orage sec nous a enlevé maman, il y a juste un mois.


Elle ne s'est pas réveillée. Perdre une maman, ça n'est pas rien, mais pour un mari, perdre la compagne symbiotique de 62 ans de vie commune, c'est perdre une partie de soi-même, la plus heureuse, la plus vivante. Depuis, il fait ce qu'il peut, il s'accroche ; il lâche ; il dépérit ; il se raccroche ; il survit. Il souffre.



Et puis voilà, on prépare Noël. On n'a pas vraiment le coeur à la fête mais un grand désir de se tenir chaud entre nous tous autour du patriarche. Alors on a fait les menus, on a organisé la soirée, les couchages de camping pour ceux qui viennent de loin, pour notre père qu'on veut garder avec nous. La petite Danielle a cuisiné : les petits pains, les pâtés, la dinde farcie, les poulets prêts à farcir et puis le samedi elle a reçu ses amis et elle a bien ri.



Dimanche 23. Il pleut comme il sait pleuvoir ici. A verse. Le téléphone sonne : Danielle ne s'est pas réveillée ; elle ne se réveille pas ; elle ne réagit plus. Je comprends tout de suite : hémorragie cérébrale, coma.


Voilà 2 semaines passées. Le sang résiduel a été drainé mais l'hématome est très gros. Elle ne répond pas aux stimulations. La machine fonctionne seule mais l'esprit est ailleurs. Beaucoup de messages amis. Nous allons la voir régulièrement à tour de rôle. C'est elle, mais je ne l'ai jamais vu immobile. Que dire de la voir inerte ? Beaucoup de larmes en cachette les uns des autres ou ensemble, ma petite soeur Clo et moi. Beaucoup de messages amis. Heureusement car le moral est comme les montagnes russes. Et la force aussi.


Cet après-midi, j'ai trouvé cette image sur le net :


Je pense que c'est ainsi que vont nos vies. Du ciel bleu. Des petits nuages qu'on trouve forcément gros puisqu'on est en dessous ; de plus gros nuages et de temps en temps des cyclones imprévus qui nous écrasent et dont il faut bien attendre qu'ils passent.


Parfois il n'y en a qu'un ; parfois ils se suivent.


Mais il n'y a pas de prévisions possibles.


Il n'y a que l'amour impuissant, mais l'amour quand même. L'espérance et la force me viennent de ce vent d'amitié, d'affection ou d'amour qui souffle vers nous, vers elle qui dort là-bas d'un sommeil sans rêves. Enfin, je crois.