samedi 19 mars 2011

Le printemps est presque arrivé...

J'ai peint depuis que je vous ai quittés mais le hasard fait que j'expose mes deux dernières toiles et que je ne les ai pas photographiées avant. L'avant-dernière est partie chez une amie après que je l'ai retouchée et avant que je ne l'ai photographiée. Bof ! Pas grave !

En tout cas, j'avance dans ma petite série des saisons 25X25. L'hiver est presque oublié et le printemps est presque arrivé. J'ai donc invité les crocus à poindre leur nez joyeux et ils ont bien voulu venir chanter sur ma toile. Qu'ils en soient remerciés !

Je vous les offre en partage. Ceux de mon jardin d'avant me manquent, qui pointaient leur nez jaune ou mauve dans le premier rayon de vrai soleil au milieu des feuillages gelés par l'hiver. Ce sont de bêtes crocus de printemps, symbole de jeunesse paraît-il, d'inquiétude aussi, de "mon amour grandit" ou de "m'aime-t-il encore?"; pas de ces nobles crocus d'automne dispensateurs de safran. Tout naturels et tout simples. Comme j'aime. Voili, voilou et pis c'est tout.

samedi 8 janvier 2011

Voyez le beau* navire !


Porté par les flots impétueux d'une mer en désordre, il en ignore les creux ; ce ne sont que tremplins pour glisser sur les crêtes au gré du vent impérieux qu'il attrape au filet des ses voiles toutes déployées. Dans le ciel du matin, les nuages ont gardé encore les couleurs de l'aube et les reflets d'ardoise du grain de la nuit ou ceux du jour d'avant. Des tempêtes passées dépassées.

Il va, le beau navire, dans une allégresse d'écume. La main qui tient la barre est ferme. Ils se connaissent depuis si longtemps. Ses flancs sont pleins de souvenirs ensemble. Il a ouvert ses écoutilles ; la houle et le roulis bousculent les "autrefois" bien rangés, les "avant" douloureux, les "tu te souviens ?" si doux... Ce tumulte le fait parfois grincer ou bien gémir mais le vent emporte dans son sillage les bulles délétères et ne reste que l'odeur du large et le parfum de la liberté.

Regarde : dans sa voilure s'agitent à la manœuvre de discrets marins amis, efficaces et indispensables. Cherche, tu t'y retrouveras peut-être.

Il n'a pas de nom. Il appartient à chacun de l'habiter et de le nommer, s'il le désire. Voili, voilou. 

*Le qualificatif concerne l'original et non la copie un peu maladroite que je vous en propose !

vendredi 31 décembre 2010

A l'an que ven...

e que si sien pas plus, sien pas moins.

Le livre vierge s'ouvre à la première page de cette nouvelle année. Regardez : une foule de petits mots, ceux de vos habitudes et de vos projets formulés, mais aussi de vos espoirs, de vos désirs et de l'amour que vous portez en vous se pressent déjà d'y laisser leur trace. Ils n'attendent que le départ pour écrire votre chemin de vie. Marquez-le ici d'une main ferme et douce, dans le murmure du bonheur partagé j'espère. Trouvez-y la force de mon amitié, de mon affection : qu'elle vous aide à affronter les inévitables moments de doute ou de chagrin. Ne m'oubliez pas non plus dans les moments de joie !

Bonne santé à vous, mes amis. Bonne année tendre et joyeuse à toutes et tous.

P.S. Je sais : la page de couverture est plus large que les autres. C'EST FAIT EXPRÈS pour garder au chaud vos souvenirs lorsque, dans un an, vous le refermerez !

dimanche 12 décembre 2010

La barque échouée

Ma cousine presque soeur m'a demandé une marine. J'ai cru peindre ceci :

"Barque échouée au bord des rivages bretons,
J'ai désappris l'essor de mes jeunes sillages
Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
Vos scalps souillés d'écume, ô goémons des plages."[...]
(Anatole Le Braz)

Mais j'ai peint cela, et ce n'est pas tout-à-fait la même chose. Après tout, ma barque n'était pas aussi enlisée que je le croyais, pas aussi échouée et perdue que ma tête le voulait quand je la peignais et qu'elle me résistait. Mais je ne m'en aperçois qu'aujourd'hui. Et vous, qu'en pensez-vous ?

Huile sur toile 45/38 couteau et pinceau.

dimanche 5 décembre 2010

Abstrait, pas tout-à-fait : sans titre

Lorsque j'ai peint mon premier abstrait (le seul !) j'avais dans l'idée de travailler ensuite à partir de celui-ci, en toute modestie !

Depuis j'ai vu une vidéo de Kandinsky peignant ces lignes parfaitement rectilignes à main levée... J'ai bien fait de renoncer à l'imiter. Faut pas faire comme Maurice et rester dans les bornes de ses limites ou le contraire !

 Mais l'anneau aux couleurs mêlées me tentait beaucoup. Et puis quelques chose dans la composition... Je voulais aussi qu'il y ait un "derrière" le premier plan : j'ai donc peint un fond en trois couleurs, gras. Et j'ai peint par-dessus le fond noir, maigre : donc il a craquelé, comme je le voulais.

Et voici donc mon résultat : l'anneau est irisé d'un dégradé du spectre de la lumière blanche comme vous l'aurez vu sans doute au premier coup d'oeil. Pour le reste, j'ai laissé faire ma jubilation et mes couteaux. Bref, je me suis bien amusée. Et je n'aimais pas personnellement ce que j'avais fait ... qui plaisait en revanche beaucoup à beaucoup de monde. Très déco sans doute.

Il est assez grand, 60/60 et, comme je ne suis pas certaine qu'il tienne très longtemps d'une part et que mon ex-mari y voyait des mondes qui l'enchantaient d'autre part, je le lui ai donné.

Voili, voilou

jeudi 2 décembre 2010

La porte fermée ou L'attente

J'ai feuilleté le livre de photos et je l'ai acheté. Ces portes d'Arles, ensoleillées, ombreuses ou même closes, étaient toutes chaleureuses, bienveillantes. Et puis celle-ci. Étrange petite porte d'Alice percée dans le mur. L'escalier a été sans doute rapporté et sa dernière marche en retrait me semble un pas en arrière dans l'élan de sa montée. Le mur était nu. Je l'ai habillé d'une bignone en fleurs dont le pied serait hors champs. J'y ai déposé une jarre de ces petites plantes grasses qui fleurissent si joliment tout l'été pour peu qu'on les arrose un peu. Et puis, en bas, un pot de tournesols. Juin sans doute. Il y manquait la vie. J'ai pensé à un chat. Convenu. Alors la poupée de chiffon s'est posée sur l'avant-dernière marche, un peu à l'ombre. La porte était devenue gardienne de vie. Je pouvais signer.

Un instant d'été en ces jours glacials, à partager.

samedi 27 novembre 2010

Les fleurs roses

Mon professeur a dit : "Il est temps que tu laisses tes pinceaux à trois poils et que tu te mettes à la brosse. Cherche un sujet en pensant à ta technique". Bon. J'ai feuilleté des albums et des albums et des collections de reproductions et de photos... Et puis je suis tombée sur ce truc : un vase de lupins en arrière-plan, un d'hortensias en second plan et, au premier plan, des raisins verts dans une coupe ; par-dessous ce marché, un voilage en fond avec des transparences et des ombres. Pas du tout ce que j'aime peindre. Ni les fleurs, ni surtout la couleur. Roooose ! Mais Nadine qui passait s'est écriée : "Voilà, vas-y."

Alors j'ai fait le fond et je me suis régalée. Et puis il a fallu passer aux choses sérieuses. Ach, comme dirait Thanbach, je sais tout du rose de quinachridone et de ses nuances conjuguées au blanc et au cramoisi de Naples. J'ai fini par saisir le coup de main et hop! mes brosses ont dansé. J'ai quand même eu le droit de reprendre les soies fines pour fignoler la table et ses reflets et la coupe de fruits. Donc voilà le résultat de tout ce rose parti par TGV éclairer une maison amie là où seules les mauvaises langues prétendent qu'il pleut sur les vaches.


Aucun rapport, sinon le rose, mais j'aime bien Desnos et puis ça me rappelle certaines anagrammes...

Rose aisselle a vit
Rr'ose, essaie là, vit.
Rôts et sel à vie
Rose, S, L, have I
Rosée, c'est la vie
Rrose scella vît.
Rrose sait la vie
Rose, est-ce, hélas, vie ?
Rrose aise héla vît.
Rrose est-ce aile, est ce elle ?
Est celle
avis.

ROBERT DESNOS. "Rrose Selavy etc..." In "L'aumonyme" (1923) . Extr. "Corps et biens". Editions Gallimard 1953.