dimanche 6 janvier 2008

Se poser un instant

Chacun voit sa vie traversée de tourmentes qui assombrissent notre ciel que nous aimons si bleu. Quand les nuages s'accumulent, on se dit qu'après la pluie vient le beau temps. Mais parfois, dans ce ciel redevenu bleu pourtant, la foudre frappe soudain.

Le premier coup d'orage sec nous a enlevé maman, il y a juste un mois.


Elle ne s'est pas réveillée. Perdre une maman, ça n'est pas rien, mais pour un mari, perdre la compagne symbiotique de 62 ans de vie commune, c'est perdre une partie de soi-même, la plus heureuse, la plus vivante. Depuis, il fait ce qu'il peut, il s'accroche ; il lâche ; il dépérit ; il se raccroche ; il survit. Il souffre.



Et puis voilà, on prépare Noël. On n'a pas vraiment le coeur à la fête mais un grand désir de se tenir chaud entre nous tous autour du patriarche. Alors on a fait les menus, on a organisé la soirée, les couchages de camping pour ceux qui viennent de loin, pour notre père qu'on veut garder avec nous. La petite Danielle a cuisiné : les petits pains, les pâtés, la dinde farcie, les poulets prêts à farcir et puis le samedi elle a reçu ses amis et elle a bien ri.



Dimanche 23. Il pleut comme il sait pleuvoir ici. A verse. Le téléphone sonne : Danielle ne s'est pas réveillée ; elle ne se réveille pas ; elle ne réagit plus. Je comprends tout de suite : hémorragie cérébrale, coma.


Voilà 2 semaines passées. Le sang résiduel a été drainé mais l'hématome est très gros. Elle ne répond pas aux stimulations. La machine fonctionne seule mais l'esprit est ailleurs. Beaucoup de messages amis. Nous allons la voir régulièrement à tour de rôle. C'est elle, mais je ne l'ai jamais vu immobile. Que dire de la voir inerte ? Beaucoup de larmes en cachette les uns des autres ou ensemble, ma petite soeur Clo et moi. Beaucoup de messages amis. Heureusement car le moral est comme les montagnes russes. Et la force aussi.


Cet après-midi, j'ai trouvé cette image sur le net :


Je pense que c'est ainsi que vont nos vies. Du ciel bleu. Des petits nuages qu'on trouve forcément gros puisqu'on est en dessous ; de plus gros nuages et de temps en temps des cyclones imprévus qui nous écrasent et dont il faut bien attendre qu'ils passent.


Parfois il n'y en a qu'un ; parfois ils se suivent.


Mais il n'y a pas de prévisions possibles.


Il n'y a que l'amour impuissant, mais l'amour quand même. L'espérance et la force me viennent de ce vent d'amitié, d'affection ou d'amour qui souffle vers nous, vers elle qui dort là-bas d'un sommeil sans rêves. Enfin, je crois.

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